Politique industrielle

Quelle politique industrielle ?

Le constat

Le débat récurrent sur la politique industrielle n'aboutit à rien car les positions sont d'abord idéologiques ou visent à satisfaire des clientèles électorales. Il n'y a donc aucune cohérence. Le seul résultat de ces rodomontades étant une diminution drastique de la part de l'industrie dans le PIB depuis 30 ans, considérée comme une activité dangereuse, polluante et sans avenir. Aucun jeune ne veut plus travailler dans ces immenses ateliers à peine éclairés, mal chauffés, bruyants et sous l'autorité des petits chefs. Le contraste est total avec les conditions de travail dans beaucoup d'industries allemandes où les ateliers ressemblent à des bureaux paysagers et où les ouvriers ont troqué le traditionnel bleu de chauffe pour la chemisette et le pantalon noir comme des mécaniciens de Formule 1... Mais évidemment, les activités de mécanique de précision ou d'électronique n'ont plus rien à voir non plus.

La part de l'industrie dans le PIB a été divisée par 2 en 40 ans, elle est maintenant de 12%. Attention, ce chiffre, qui n'est qu'une proportion, est accentué à la baisse par l'explosion corrélative des services. Cela correspond à une évolution de l'économie vers le tertiaire mais il semble qu'en France on soit allé plus loin et plus vite dans la diminution. Depuis 2017, l'emploi industriel qui n'avait cessé de baisser, est remonté de 6 500 postes. Or il y a une corrélation directe entre le nombre de ces emplois et la richesse par habitant. Nous devrions tout faire pour revenir à la moyenne européenne, autour de 18%, mais il ne faut pas se leurrer : il sera très difficile et long de remonter la pente car l'économie n'attend pas et les parts de marché perdues ne reviendront qu'au prix d'une grande persévérance, qualité dont sont plutôt dépourvus les pouvoirs publics.

Les propositions

1 ) Susciter des industriels et des investisseurs français

On ne fait pas de l'industrie avec des fonctionnaires mais des industriels ; étant une activité gourmande en capital, il lui faut des capitalistes qui financent ces lourds investissements et ce ne sont pas les Conseil régionaux et encore moins l'Etat endetté qui peuvent le faire. On peut d'ailleurs s'interroger sur la justification sociale de solliciter le contribuable pour une activité risquée par nature.

Les règles de succession, les impôts sur le capital (faire payer les riches) comme l'ISF, les impôts mal nommés "de production" ne peuvent que nuire à cette émergence de l'industrie, car il ne faut pas oublier que c'est le capital-risque qui est le plus efficace à cet effet et il est très faible en France. Le tissu industriel s'est délité avec la disparition des anciennes familles gérant les activités traditionnelles dans le nord et l'est, souvent reprises par des investisseurs étrangers qui n'ont pas comme préoccupation première de favoriser la prospérité nationale. Inversement, il existe des régions où l'industrie est solide car les entrepreneurs, souvent familiaux, ne souhaitent pas délocaliser et ont comme souci principal de développer sur place, même de façon plus modeste (ouest, sud, Alpes).

2 ) Une fiscalité favorable à l'offre

La stabilité fiscale

Après 40 ans de politique visant à "soutenir la demande" (mais si l'Etat ne passait pas son temps à la décourager, il n'aurait pas besoin de la soutenir) il faut faire qu'une POLITIQUE DE L'OFFRE se substitue à la demande. Au plan fiscal, la proposition d'une taxe de 20% sur tous les revenus, y compris les bénéfices, devrait y contribuer mais ce n'est pas suffisant.

Supprimer les impôts sur la production (CVAE, C3S) à hauteur de 24mds sur 72

Dans les impôts dits de production, on distingue 3 catégories : les impôts sur la masse salariale, ceux sur la production et ceux sur le foncier. Nous proposons de supprimer d'abord les impôts sur la production (impôts sur le CA et sur la valeur ajoutée soit 18 mds € en 2019) et ensuite la taxe sur les salaires (6 mds €). Mais nous proposons de conserver les impôts fonciers (CFE), ressource des collectivités territoriales et frein à l'artificialisation des sols. Pour la contribution sur la valeur ajoutée, elle est supprimée pour les entreprises mais régionalisée au niveau des consommateurs finaux.

3 ) Changer d'attitude à l'égard de l'industrie

La désindustrialisation est aussi la conséquence d'un état d'esprit déplorable qui s'est installé en France et qui consiste à attendre notre salut de l'étranger et non de nous-mêmes. On l'a constaté lors de la pandémie : les vaccins seront découverts à l'étranger et nous n'aurons qu'à importer les doses en les payant avec de la dette publique, c'est à dire l'argent qu'on aura emprunté... à l'étranger. La boucle est bouclée, nous avons pris l'habitude ainsi de ne plus faire d'effort et de demander aux autres de faire à notre place des médicaments, de l'acier, de l'électro-ménager, de l'électronique, des terres rares, des batteries, des panneaux solaires, de l'intelligence artificielle, et même de plus en plus de l'alimentation (nous importons une grande partie du BIO...) etc.

L'industrie, c'est complexe, il faut beaucoup investir, se projeter dans le futur, travailler parfois à perte pendant un certain temps, inventer de nouveaux produits; çà nécessite d'avoir du cash, des marges importantes et donc un environnement fiscal favorable, stable et simple, justement ce que proposent les Electeurs-libres et ce qui n'existe pas actuellement. On ne peut pas miser sur l'industrie quand "on invente" un nouvel impôt toutes les semaines.

Mais attention de ne pas tomber dans le simplisme. Ce n'est pas parceque de nombreuses automobiles françaises sont produites dans les pays de l'est ou au Magreb qu'elles ne sont pas "made in France". En effet le montage ne représente que 10 à 15% de la valeur totale, la vraie valeur ajoutée résidant dans les équipements, les motorisations et surtout les études. De même la production en Chine des IPhone ne représente aussi que 15% de leur valeur, l'essentiel étant située dans les composants (TaÏwan) et surtout le logiciel (Californie).

Le faux problème de la balance commerciale, le vrai problème de la dette

Notre balance commerciale est très déficitaire, d'environ 50 mds € par an il y a 10 ans, on est passé à près de 100 Md € aujourd'hui, notre balance des services est excédentaire mais pas suffisamment pour compenser; ce n'est pas grave en soi mais cela constitue un indicateur inquiétant de notre perte de compétitivité. La France n'a pas vocation à TOUT produire. C'est une conséquence normale de la division internationale du travail que nous nous procurions de nombreux biens et services à l'extérieur.

Mais à condition de les PAYER PAR D'AUTRES BIENS que nous exportons. Or si la balance des paiements est forcément équilibrée il faut se demander par quel moyen ? Le déficit commercial est la contrepartie du déficit budgétaire (déficits jumeaux). Il finance une demande qui va principalement vers les autos allemandes ou coréennes, les smartphones américains ou coréens, les séries Netflix et fait le bonheur des firmes étrangères. Nous sommes dans la situation d'un pays qui vit au-dessus de ses moyens et qui a besoin des prêts que lui accordent ses fournisseurs (en l'occurence les pays qui nous vendent et nous prêtent en même temps pour qu'on puisse leur acheter leurs produits...) pour maintenir ce niveau de vie.

La balance commerciale n'est donc pas un problème en soi, mais révèle un déficit de compétitivité et de souveraineté, un indicateur du déclassement de la France qui se comporte de plus en plus comme un PAYS DU TIERS MONDE qui ne suffit pas à ses besoins, étant incapable de produire et d'exporter suffisamment pour payer ses importations et qui doit solliciter l'aide publique internationale et peut être bientôt quémander des annulations de dette. Il arrive alors un moment où les créanciers ne se contentent plus de bouts de papier (les titres de dette) mais demandent des contreparties effectives : Château de Versailles, Tour Effel ou prélèvement sur les 2 000 mds € d'assurance-vie des particuliers...).

Proposition : diminuer progressivement le soutien de la demande par le déficit, réduire drastiquement les allocations et prestations en tout genre, arriver en 5 ans à l'équilibre budgétaire et accompagner parallèllement le développement productif par une politique de l'offre.

4 ) Non au tout électrique dans l'automobile, accélérer vers l'hydrogène

La Commision européenne pour répondre à la pression du GIEC et des écologistes a imposé des normes très strictes aux constructeurs automobiles pour 2025 (norme Euro 7), ce qui est très court pour bannir dès cette date les moteurs thermiques. Avec des conséquences sur l'emploi, notamment chez les équipementiers, plusieurs dizaines de milliers d'emplois étant menacés, sans que l'électrique puisse compenser, d'une part parce qu'il nécessite beaucoup moins de pièces et peu d'entretien, d'autre part parce que l'essentiel des composants moteurs et batteries vient d'Asie.

L'électrique, très polluant dans sa fabrication et peu recyclable, générant des véhicules lourds, s'il est généralisé au pas de charge, risque de se traduire par une nouvelle saignée dans notre industrie au profit de l'étranger.

Les Electeurs-libres proposent qu'on retarde d'au moins 5 ans la mise en oeuvre de cette norme et qu'on investisse parallèllement massivement dans la production d'hydrogène sur les sites des centrales existantes et sa distribution dans les stations service (voir ici).

5 ) Promouvoir une industrie décarbonée en France

L'industrie en France, sidérurgie, pétrochimie, cimenterie, sera décarbonée ou ne sera pas. Les techniques existent mais les coûts sont prohibitifs. Nous importons beaucoup de produits industriels très carbonés alors que nous pourrions les produire sur place tout en émettant beaucoup moins.

Proposition : établir un mécanisme de financement des investissements par l'intermédiaire d'un fonds dédié et garantir aux industriels un prix du CO2 à échéance de 10 ans en taxant aux frontières les productions qui ne respectent pas les quotas d'émission.